« Les dix stratégies de manipulation de masses » de Chomsky appliquées au gouvernement Sarkozy – Part II

Noam Chomsky

Ce billet est la deuxième partie de « les dix stratégies de manipulation de masses » de Chomsky appliquées au gouvernement Sarkozy – Part I

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

« Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… »

A mon sens, le passage de Rama Yade (secrétaire d’état du gouvernement Sarkozy) le week end dernier chez Ruquier, illustre très bien ce point :

00:36 : « on sait ce qu’il en a coûté dans un passé pas si lointain, la négation des problèmes de sécurité : 21 avril 2002 »

00:50 : « quand on est face à un problème de sécurité, là par exemple concernant les Roms, c’était parti de l’affaire de St Aignant, une gendarmerie qui a été brulée »

2:42 : « tout cela est parti d’un fait divers, il est dans le rôle du gouvernement d’y répondre »

Bref, on reste dans toute la sémantique du gouvernement Sarkoziste, digne de l’argumentation du café du commerce. On est dans la lignée « de ces bandes de racailles que l’on va nettoyer au Karcher ».

En moins de 3 minutes Yade a agité toutes les peurs du français moyen, de droite comme de gauche, afin de justifier une mesure gouvernementale. Elle finie par une phrase très révélatrice, que je trouve extrêmement choquante, qui résume parfaitement la politique ou plutôt la communication du gouvernement Sarkoziste : « tout cela est parti d’un fait divers, il est dans le rôle du gouvernement d’y répondre ». Et bien non justement! Le rôle d’un gouvernement n’est pas de répondre à des faits divers. La fonction gouvernementale impose de prendre de la hauteur, de penser à froid, de bâtir une politique sur le long terme, d’être visionnaire, de prévoir les grandes mutations de notre société. Toutes actions contraires (basées sur l’émotionnelle et l’impulsivité justement) seront sans aucun doute néfastes.

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

« Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles ».

On pourrait ici écrire un livre entier en développant ces thèmes :

  • le choix des programmes de l’éducation nationale
  • la panne de l’ascenseur social
  • la diffusion et la place de l’information de qualité dans les médias
  • la mise à l’index, voir la censure des médias indépendants, des journalistes et des personnalités activistes

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

« Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte… »

Pour bien comprendre ce point allez sur une chaine de télé ou un poste de radio populaire, rendez-vous au kiosque de journaux le plus proche de chez vous… ou bien analysez le comportement, la sémantique de l’auteur du « casse-toi pauv’con! »

Sarkozy
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité

« Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!… »

«La France qui se lève tôt», la stigmatisation des fonctionnaires, des grévistes, des étudiants, des chômeurs, la suppression des allocations familiales pour les parents «déficients»… : toutes ces formules ou mesures servent à pointer du doigt certaines catégories de la population, afin de les rendre responsables d’une situation de crise.

C’est aussi un moyen d’appliquer la formule « diviser pour mieux régner », on en vient à accuser son voisin plutôt que l’action de l’état.

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

« Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. »

La création du fichier EDVIGE et le vote de la loi HADOPI, qui autorise le contrôle d’internet, sont de très bons exemples du désir de l’état de s’immiscer dans nos vies afin de comprendre nos comportements.

Il suffit également de comprendre comment on maintient la population dans la peur de la guerre ou du terrorisme afin d’autoriser le vote des budgets colossaux des armées (parmi les principales dépenses des états). Le budget de l’armée, tel qu’il est appelé, sert en grande partie à financer des programmes de développement de nouvelles technologies.

La plupart des dernières grandes inventions sont issues des développements financés par des budgets militaires, les meilleurs exemples étant ceux de l’automobile, de l’aéronautique, de l’Internet ou encore des nanotechnologies. Les grandes avancés scientifiques sont désormais à la solde des états, ils en bénéficient pour maintenir leur position dominante. Ces progrès sont réalisés avec l’argent du contribuable qui n’en bénéficiera qu’avec parcimonie (dans la forme la plus élémentaire de ces inventions) et s’il se les paie.

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